Pour moi, McTiernan s'embarque dans une déconstruction de la figure du "one-man army" qui prédominait dans le cinéma d'action de l'époque, déconstruction qui durera sur plusieurs films, de Predator (87) à The Last Action Hero (93), mettant tous les deux en vedette notre cher Arnold.
Predator ne verbalise pas autant son ironie que les films suivants du réalisateur, mais il faut le voir comme un Scream (ou un From Dusk Till Dawn, qui s'est de l'aveu même du réalisateur inspiré de la structure de notre Predator). Le film débute comme un one-man army classique, avec un rapport de force ridicule entre notre commando et ses adversaires, puis prend un virage complètement loufoque avec cette bête de l'espace qui décime les tueurs les mieux entraînés de la planète comme s'il s'agissait d'adolescents ayant outrepassé la frontière de Crystal Lake. Il y a un humour latent dans Predator: on pousse à l'excès les musculatures, les scènes de fusillades interminables (on en rit aujourd'hui, mais le réalisateur ne riait-il pas avec nous?)...
Il y a aussi par là un genre de retour aux sources du cinéma d'action: out les gros flingues et les types surentraînés, on ramène la précarité, l'état de crise, la forêt oppressante, le thème du retour à l'état sauvage... Chaque protagoniste doit affronter cette bête mystique qu'est le Prédateur, et la plupart échouent. On casse l'image du soldat sans peur, archétypal aux années 80, avec brio. C'est un film de contre-culture, qui s'oppose au cinéma d'action reaganien que je déteste, tout comme Die Hard l'année suivante. C'est aussi une perle de mise en scène pour l'époque.
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Predator review
Posted : 9 years, 10 months ago on 17 February 2015 07:32 (A review of Predator)0 comments, Reply to this entry